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Chapitres de livres et actes de colloque

« La religion dans les limites de la raison herméneutique. Sur la question de la vérité de la religion chez Charles Taylor », Religion et vérité. Éd. par Philippe CAPELLE-DUMONT & Yannick COURTEL, Presses Universitaires de Strasbourg, coll. «Philosophie de la religion», 2017.

Résumé de la contribution – Notre objectif consistera d’abord à mettre en lumière ce que nous pourrions appeler la « configuration kantienne » de la philosophie herméneutique de Charles Taylor, en éclairant cette dernière à l’aune de trois thèses essentielles au « tournant critique » initié par Emmanuel Kant. Ces thèses critiques, toutes trois célébrissimes, sont les suivantes :

  1. La thèse critique sur l’a priori : « il n’y a de connaissance a priori possible pour nous que celle d’objet d’expérience possible.»

  2. La critique de la raison dialectique : il importe de distinguer la philosophie critique de la philosophie « dogmatique », qui transgresse les bornes de l’expérience possible et succombe aux illusions de la raison syllogistique.

  3. Le tournant vers la raison pratique : la « métaphysique de la nature », rivée  conditions subjectives et formelles de l’expérience possible, doit céder le pas à une « métaphysique des mœurs », qui consiste à élucider les principes a priori de la « raison pure pratique ».

 

Après avoir montré comment ces thèses structurent en profondeur la position de notre auteur en philosophie de la religion, nous préciserons pourquoi cette dernière conduit, par-delà les limites de la « simple raison » (die blosse Vernunft) chez Kant, vers un « fidéisme généralisé et œcuménique ».

Résumé de la contribution – La thèse des « langages plus subtils » (subtler languages) constitue l’une des pièces maîtresses de la philosophie herméneutique de Charles Taylor. Elle nous situe à l’intersection de ce qu’il caractérise après Isaiah Berlin comme le tournant « expressiviste » du 18ème siècle (Herder, Hamann, Humboldt) ainsi que du tournant ontologique de l’herméneutique contemporaine (Heidegger, Gadamer, Ricœur). Plus précisément, cette thèse permet d’expliquer pourquoi le tournant ontologique de l’herméneutique ne nous conduit pas au-delà de la tradition expressiviste, mais demeure un tournant au sein même de l’expressivisme. Notre objectif est de montrer, en ce sens, que la « subtilité » spécifique des langages philosophiques modernes devrait être comprise chez Taylor à partir de son interprétation originale de la sécularisation de l’occident chrétien.

Résumé de la contribution – L’objectif du présent essai consiste à soutenir qu’il est possible de concilier la critique de l’idéalisme linguistique formulée par Romano ainsi que la thèse de l’herméneutique sur la linguisticité. En effet, nous pouvons reconnaître simultanément et sans contradiction (i) le caractère dérivé des significations linguistiques par rapport à notre compréhension antéprédicative du monde et (ii) la constitution essentiellement langagière de l’être-au-monde, à condition que cette dernière soit comprise à partir du phénomène de la communion dialogique plutôt que de la médiation linguistique de l’expérience par nos schèmes conceptuels et symboliques.

Résumé de la contribution – L’objectif de cette présentation est d’examiner succinctement la critique proposée par le philosophe Charles Taylor du concept de « simple raison » (reason alone, die blosse Vernunft), que ce dernier emprunte au titre du célèbre ouvrage de Kant intitulé ‘La religion dans les limites de la simple raison’ (1793). En ce sens, nous aborderons dans un premier temps l’idéal de la simple raison en ses principales présuppositions et implications, avant d’exposer les grandes lignes de la position herméneutique que lui oppose notre auteur et de conclure par de brèves remarques critiques.

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Articles - Soumis à des comités de lecture

« La solution implicite de Charles Taylor au problème de l'historicisme transcendantal », Symposium (Revue de la Société canadienne de philosophie continentale), vol. 21, no. 2, Automne 2017, p. 179-207.

Résumé – Notre objectif est de montrer que la théorie de l’argumentation philosophique développée par Charles Taylor apporte une solution élégante, quoiqu’implicite, au problème de l’« historicisme transcendantal » dans la tradition herméneutique contemporaine (Heidegger, Gadamer, Ricœur). Ce problème consiste à se demander comment il peut être possible à la fois 1/ de désavouer l’existence de vérités « absolues » ou « anhistoriques » et 2/ de reconnaître au discours philosophique sur l’« historicité » (Geschichtlichkeit) de la pensée tous ses droits, puisque ce discours demeure de facto et de jure une pensée de l’a priori. En ce sens, mes analyses se concentreront sur la façon dont Taylor parvient à justifier la thèse – en apparence contradictoire – selon laquelle la réflexion philosophique peut parvenir à des conclusions « apodictiques et pourtant ouvertes à un débat sans fin » (apodictic and yet open to endless debate).

« Le dilemme de la raison critique et le problème de la ‘‘facticité’’ », Revue Philosophique de Louvain, vol. 114, n°2, 2016, p. 245-271.

Résumé – L’objectif du présent essai est de soutenir une thèse à la fois simple et audacieuse, voulant que l’horizon de la philosophie moderne soit circonscrit par un dilemme inéluctable qui gouverne toutes les instances de la raison critique depuis les Méditations métaphysiques (1641) de René Descartes. Ce dilemme est le suivant : ou bien (I) nous assumons l’exercice du doute radical de manière à le surmonter dans une ontologie du « sujet transcendantal », et sommes alors confrontés à des apories insurmontables, ou bien (II) nous outrepassons la possibilité du doute radical en adoptant pour point de départ notre relation « effective » (ou factuelle) au monde, et sommes alors contraints d’admettre la contingence possible des structures de l’expérience – ce que nous pourrions appeler le « problème de la facticité ». Nulle autre option ne nous est offerte, à moins de s’interdire toute négation ou affirmation d’existence, dans une attitude sceptique de pure indifférence.

      Dans les sections suivantes, nous montrerons tour à tour comment ce dilemme détermine le passage de Descartes à Kant (§§ 1-2), puis de Husserl à Heidegger (§§ 3-4), c’est-à-dire aussi bien le « tournant critique » que ce qu’il convient d’appeler le « tournant existentiel de la phénoménologie ». Le nerf de notre argument est le suivant : il n’y a pas lieu de mettre en cause la certitude des raisons qui conduisent à démontrer l’existence indubitable de l’ego cogito ou de la « subjectivité transcendantale » à partir du doute hyperbolique, pour autant que ce dernier se fonde sur l’« idée de l’Infini », pour reprendre une formule lévinassienne, c’est-à-dire sur la possibilité que puisse exister un être ou une transcendance « absolument autre ». En conséquence, la seule façon d’éviter les apories que soulève (inévitablement, comme nous le verrons) la démarche cartésienne consiste à prendre pour point de départ notre relation au monde comme un fait premier. Or, dès lors que nous opérons ce « saut en retrait » de la réduction cartésienne, nous sommes tenus de reconnaître la possibilité inéliminable du « Tout-autre », car la réflexion critique ne pourra surmonter sa facticité liminaire qu’à la condition de soumettre derechef ses conclusions à l’épreuve du doute méthodique radical.

 

      Afin de mettre en relief la portée véritable de ce dilemme critique et d’éviter que le présent essai ne soit confondu avec une simple étude doxographique, notre méthode consistera, d’une part, à faire ressortir le « problème de la justification » (Frederick L. Will) qui taraude le projet fondationnaliste chez Descartes et Husserl et, d’autre part, à désambiguïser les positions de Kant et Heidegger au regard de leur prétention commune à réfuter l’idéalisme cartésien, c’est-à-dire à dépasser celui-ci en direction d’une expérience de vérité plus originaire que l’ego cogito. Pour autant que le tournant critique et le tournant existentiel de la phénoménologie rompent avec la problématique transcendantale, ils doivent impérativement assumer la facticité ou la contingence ontologique des structures de l’expérience. Notre conclusion suggérera en outre la possibilité d’une autre interprétation de la «question de l’être» (Seinsfrage) dans le cadre de la phénoménologie existentielle, qui ne serait plus proprement phénoménologique mais d’abord et avant tout métaphysique ou spéculative.

« Sur la possibilité d’un doute hyperbolique en phénoménologie. Essai sur l’anti-cartésianisme de Claude Romano », Laval théologique et philosophique, v. 71, n°2, juin 2015, p. 285-303.

Résumé – Dans ses récentes méditations philosophiques, Claude Romano soutient non seulement que la phénoménologie ne devrait plus être cartésienne (ou « transcendantale »), mais qu’elle ne peut plus l’être, car un doute universel serait lui-même foncièrement absurde du point de vue phénoménologique. L’objectif du présent essai est de contester qu’une telle réfutation phénoménologique du cartésianisme soit possible. En ce sens, nous soutiendrons que les arguments anti-sceptiques de Romano s’avèrent insuffisants parce que le doute hyperbolique est une possibilité de pensée qui, bien que spéculative, demeure à la fois intelligible et plus radicale que toute description d’essence ou « réduction eidétique ».

 

Abstract –– In his recent philosophical contributions, French phenomenologist Claude Romano maintained not only that phenomenology should not be Cartesian, but that it cannot be Cartesian (or “transcendental”) because the very idea of a universal doubt would be utterly absurd from a phenomenological perspective. Our objective is to show that such a phenomenological refutation of Cartesianism is impossible. After reviewing the two main anti-skeptical arguments propounded by Romano, we will support a simple critical thesis: the hyperbolical doubt is an irreducible possibility of thought which, although “speculative,” remains nevertheless actual and more radical than any phenomenological description (or “eidetic reduction”).

Disputatio autour de « Jean GRONDIN, Du sens des choses. L’idée de la métaphysique (Paris : PUF, coll. « Chaire Étienne Gilson », 2013) » : « L’herméneutique métaphysique entre metaphysica generalis et metaphysica specialis », Philosophiques, v. 41, n°2 (2014), p. 371-378.

Dans un style toujours aussi éloquent et rigoureux, le dernier ouvrage de Jean Grondin propose d’« esquisser quelques-unes des idées directrices d’une herméneutique métaphysique », de manière à montrer l’actualité du platonisme, c’est-à-dire de la métaphysique traditionnelle des Idées et du souverain Bien, dans l’horizon herméneutique de la philosophie contemporaine. En ce sens, nous interprétons le geste général de cette « herméneutique métaphysique » comme une tentative de synthétiser (i) les perspectives ouvertes par l’herméneutique post-heideggérienne – notamment chez Hans-Georg Gadamer et Paul Ricœur – touchant la portée ontologique de la compréhension humaine, d’une part, ainsi que (ii) l’hypothèse inaugurale ou le « grand pari » de la métaphysique classique voulant qu’il faille reconnaître dans l’ordre intelligible du monde la manifestation d’un principe transcendant ou divin, d’autre part. Cet audacieux effort d’unification, soutenu par un argumentaire mûri et nuancé, doit permettre à la fois de réhabiliter et de renouveler le projet essentiel de la métaphysique : « Tout platonicien pressent, parie, que la réalité immédiatement visible, sensible, temporelle, n’est peut-être pas la seule. Son idée ou son herméneutique de fond est que le sensible laisse lui-même transparaître, par sa beauté (eidos), une réalité digne d’être appelée “méta-physique” ».

« La critique herméneutique de l'épistémologie chez Charles Taylor », Philosophiques, v. 41, n°1 (2014), p. 79-103.

Résumé – Le projet philosophique central de Charles Taylor se présente comme une critique de l’« image épistémologique » (epistemological picture) de la raison, critique qui se déploie au nom d’une compréhension de la rationalité humaine plus sensible à sa finitude transcendantale et historique. L’objectif du présent essai consiste à présenter une brève analyse comparative de cette image épistémologique (ou post-cartésienne) ainsi que de la perspective herméneutique que lui oppose notre auteur. En ce sens, nous comparerons tour à tour six aspects déterminants de ces deux conceptions : le caractère « apodictique », « médiationnel », « désengagé », « désignatif », « dépassionné » et « procédural » de la première et le caractère « ad hominem », « immergé », « situé », « expressif », « passionné » et « substantiel » de la seconde. Nous éclairerons en outre les enjeux complexes de cette critique par quelques remarques introductives et conclusives.

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